Marianne K.

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
12 janvier 2022

La vertu de l'échec

Si je vous dit « Daniel Radcliff », que vous soyez fan de la saga Harry Potter ou non, ce nom vous parlera : il s’agit de l’acteur qui joue le rôle du célèbre sorcier au cinéma ! Mais si je vous dis « Martin Hill », est-ce que ça vous dit quelque chose ? Non ? C’est normal, c’est le « numéro deux », celui qui n’a pas eu le rôle alors qu’ils n’étaient plus que deux en lice, celui à qui on a dit : « Tu étais très bien, vraiment, mais l’Autre avait un petit quelque chose en plus... » ! C’est sur son histoire que David Foenkinos se penche dans ce roman original. Comment se remet-on d’un échec qui n’en est pas vraiment un ? Comment échapper à ce souvenir alors que les livres puis les films connaissent un succès incommensurable et que le merchandising trouve là son acmé, envahissant notre quotidien de pulls, écharpes et gadgets en tous genres, nous renvoyant au jeune héros et à son histoire ?
Mais ce roman va bien plus loin que le simple récit anecdotique sur Harry Potter, il y est question des drames qui nous traversent, des épreuves, des moyens que l’on trouve pour se relever, des issues de secours que l’on découvre, de l’importance des autres, de la façon dont se sentir aimé peut résoudre bien des difficultés. On s’interroge, en même temps que notre personnage, sur la gloire, sur la sensation d’avoir « raté sa vie », tout en ayant conscience que toute vie a son lot de drames à porter !
Numéro deux est un texte qui déclenche des émotions variées ! David Foenkinos dresse le portrait d’un personnage en souffrance qui lutte pour se relever, mais qui est sans cesse blessé de nouveau, un personnage auquel on s’attache instantanément et pour lequel on éprouve une forte compassion. On passe du rire aux larmes, dans une langue simple, efficace et accessible.

Roman

Actes Sud

22,50
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
10 janvier 2022

Conte gothique

On s’y croirait, dans cette grande bâtisse écossaise pleine de courants d’air, observant la mer froide battue par les vents. L’atmosphère tendue nous enveloppe, nous enferme presque, dans cette maison pleine de fantômes et de regrets. Engagée par son oncle pour inventorier et trier meubles, tableaux et objets variés, Viviane se sent vite chamboulée par ses souvenirs. Dans la demeure familiale, elle redécouvre l’histoire de Ruth, qui vécut dans la maison après avoir épousé un vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Solitaire, « dérangée » diraient certains, Ruth a dû faire face à plus d’un traumatismes. Et que dire de Sarah, cette jeune femme de 14 ans accusée de sorcellerie et pourchassée… Jusqu’où peut aller la violence des hommes dès lors qu’une femme dérange ?
Après deux romans remarqués, Evie Wyld (traduite une fois encore par Mireille Vignot) nous ensorcelle avec ce roman digne des contes gothiques et des plus grands romans féministes !

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
15 décembre 2021

Dans la cité de Dehaven, Amalia, Hirion et Yonnas ont été élevés pour être les "citoyens de demain", formés à tous les savoirs rationnels, sans préoccupation de leur âge. Scrutés par tous du fait de ces nouvelles méthodes éducatives, les jeunes gens évoluent néanmoins avec une certaine liberté et la confiance de leurs proches. Si Amalia et Hirion font partie de la haute société, ce n'est pas le cas de Yonnas, fils d'éclusier.
Mais l'insouciance de l'enfance est sur le point de se terminer : Amalia et Hirion sont bientôt fiancés ensemble par leur famille, les lointaines colonies se révoltent, faisant planer une menace certaine sur la cité, et Hirion fait soudainement usage de la magie...! Une magie qui semble peu à peu prendre possession de lui...
Roman de fantasy absolument formidable, "Citadins de demain" est le premier tome de la trilogie "Capitale du Nord", qui fait elle même partie du cycle "La Tour de garde", co-écrit par Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian.
Si on est bien dans de la fantasy, la magie ne fait son apparition que tardivement, venant chambouler l'ordre établi et modifier les perspectives ! On est ici très vite pris par l'histoire et la richesse de l'univers comme des personnages garantissent une lecture palpitante et foisonnante !

Phoebe HADJIMARKOS CLARKE

Le Sabot

13,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
3 décembre 2021

Amour et effondrement

Alors que des pluies diluviennes ont profondément modifié les façons de vivre, Pauli et Mona vivent dans une communauté retirée, réensauvagée, dont le quotidien est parfois perturbé par le passage de "fonctionnaires" étonnants... Amoureuses, Pauli et Mona vivent une histoire fusionnelle. Mais comment s'aimer quand tout s'est effondré ? Comment s'autogérer et continuer de lutter conformément à ses valeurs ?
Un roman post-apocalyptique qui s'attache autant aux êtres qu'aux idées !

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
3 décembre 2021

Jeu d'homonyme

Par un jour de désœuvrement, Pablo Martín Sánchez tape son nom sur un moteur de recherche (que celui ou celle qui n’a jamais fait la même chose lui jette la première pierre, mais qu’il ou elle se rassure : ce qu’a tiré Pablo Martín Sánchez de cet acte ô combien fréquent est une absolue merveille !) Il se découvre alors un homonyme parmi les anarchistes espagnols du début du XXe siècle et passera six mois à effectuer des recherches qui donneront matière à ce formidable et foisonnant roman. L’anarchiste qui s’appelait comme moi - qui est autant une somme historique sur le combat des anarchistes contre la dictature de Rivera qu’un formidable roman d’aventures - nous entraîne aux côtés d’un jeune homme en construction, qui se fait happer, presque malgré lui, par la révolution.

Que les amateurs d’histoire se rassurent, il y a 70 % de réel dans ce livre ! Et que les amateurs de fiction se rassurent, il y a 70 % d’invention dans ce livre ! Je comprendrais que les amateurs de mathématiques fuient en courant, mais je ne rapporte ici que les propos de l’auteur lui-même. Un auteur qui ne cesse d’ailleurs d’intervenir avec sa propre voix au fil du roman, brouillant un peu plus les frontières entre son homonyme et lui, et instillant suspens et humour avec maîtrise et audace !

La multitude de points d’exclamation qui parsème cette courte chronique vous montre bien à quel point cette lecture est enthousiasmante, et je sais de source sûre que nombre de mes confrères et consœurs sont de mon avis. À vous de vous faire le vôtre !

Et réjouissez-vous : L’anarchiste qui s’appelait comme moi, brillamment traduit par Jean-Marie Saint-Lu, s’inscrit dans un triptyque de « biographie minimale » : le nom, la date et le lieu de naissance d’une personne, les trois informations essentielles pour une biographie. Vous pouvez ainsi d’ores et déjà découvrir L’Instant décisif aux éditions La Contre Allée, qui se déroule le 18 mars 1977, jour de la naissance de Pablo Martín Sánchez, l’auteur !