Le mouvement ouvrier
Une histoire des gestes créateurs des travailleurs
De Camille Saint-Jacques
Max Milo
L Inconnu
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Phénoménologie et esthétique du geste ouvrier, ce grand oublié des théories et des luttes sociales
Que fait concrètement un ouvrier qui touche, modèle, caresse, découpe, taille l'objet qu'il façonne ? Quelles lignes invisibles dessine un travailleur qui tisse, nettoie, balaie, tend ou érige quelque chose ? Peut-on décrire le mouvement ouvrier en termes tactiles et graphiques, de gestuelle et de danse ? La main d'œuvre est d'abord une main à l'œuvre, nous rappelle l'auteur, qui entreprend de nous dépeindre son histoire et ses métamorphoses à travers les âges, agités ou heureux. Au-delà de leur fonction technique et économique, les mouvements gestuels des sans voix, pour peu qu'on les regarde comme des phénomènes, des apparitions, portent en eux-mêmes une vision créatrice ou colérique du monde. Du plus profond de la préhistoire à nos jours, le geste ouvrier " œuvre " en façonnant, en esthétisant, en démontant outils et techniques, en cultivant ses traditions comme autant de microcosmiques expressions pré-artistiques. Ce livre examine aussi une question intrigante : pourquoi et comment le mouvement ouvrier, dont le sens premier est donc aussi synonyme de " création en acte ", est-il devenu une notion trop exclusivement politique et syndicale depuis le 19e siècle ? N'y aurait-il pas intérêt pour les spécialistes mêmes du social à redécouvrir la concrétude artisane, l'œuvre comme devenir passant par un savoir-faire autant que par des idéologies ? Sans pour autant oublier les grèves et les colères paysannes ou urbaines, l'auteur décrit avec émerveillement et délicatesse ce que pourrait être un mouvement ouvrier occulte, de la marche sabotée au tissage cher aux Encyclopédistes, des esclaves dansants aux lavandières, du folklore populaire à la gymnastique en usine : une multitude de petits gestes quotidiens et d'échappées belles. Le microcosme du " mouvoir œuvrier " s'anime ici pour la première fois dans un semi beau livre, avec un talent singulier. Un ouvrage au style étincelant, foucaldien, entre poésie, esthétique, histoire et philosophie. Une méditation érudite sur la grâce du corps en acte. De l'histoire incarnée dans un ouvrage vivifié par une quarantaine d'images fortes et pédagogiques, directement articulées à la progression du texte.
Que fait concrètement un ouvrier qui touche, modèle, caresse, découpe, taille l'objet qu'il façonne ? Quelles lignes invisibles dessine un travailleur qui tisse, nettoie, balaie, tend ou érige quelque chose ? Peut-on décrire le mouvement ouvrier en termes tactiles et graphiques, de gestuelle et de danse ? La main d'œuvre est d'abord une main à l'œuvre, nous rappelle l'auteur, qui entreprend de nous dépeindre son histoire et ses métamorphoses à travers les âges, agités ou heureux. Au-delà de leur fonction technique et économique, les mouvements gestuels des sans voix, pour peu qu'on les regarde comme des phénomènes, des apparitions, portent en eux-mêmes une vision créatrice ou colérique du monde. Du plus profond de la préhistoire à nos jours, le geste ouvrier " œuvre " en façonnant, en esthétisant, en démontant outils et techniques, en cultivant ses traditions comme autant de microcosmiques expressions pré-artistiques. Ce livre examine aussi une question intrigante : pourquoi et comment le mouvement ouvrier, dont le sens premier est donc aussi synonyme de " création en acte ", est-il devenu une notion trop exclusivement politique et syndicale depuis le 19e siècle ? N'y aurait-il pas intérêt pour les spécialistes mêmes du social à redécouvrir la concrétude artisane, l'œuvre comme devenir passant par un savoir-faire autant que par des idéologies ? Sans pour autant oublier les grèves et les colères paysannes ou urbaines, l'auteur décrit avec émerveillement et délicatesse ce que pourrait être un mouvement ouvrier occulte, de la marche sabotée au tissage cher aux Encyclopédistes, des esclaves dansants aux lavandières, du folklore populaire à la gymnastique en usine : une multitude de petits gestes quotidiens et d'échappées belles. Le microcosme du " mouvoir œuvrier " s'anime ici pour la première fois dans un semi beau livre, avec un talent singulier. Un ouvrage au style étincelant, foucaldien, entre poésie, esthétique, histoire et philosophie. Une méditation érudite sur la grâce du corps en acte. De l'histoire incarnée dans un ouvrage vivifié par une quarantaine d'images fortes et pédagogiques, directement articulées à la progression du texte.
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