L'histoire, les causes et les possibles, Deux études sur les passés contingents
EAN13
9782722604605
Éditeur
Collège de France
Date de publication
Collection
Philosophie de la connaissance
Langue
français

L'histoire, les causes et les possibles

Deux études sur les passés contingents

Collège de France

Philosophie de la connaissance

Indisponible
Ce livre présente deux analyses de la contingence en histoire, la première
s'appuyant sur l'épistémologie de la causalité historique proposée par Max
Weber, la seconde, sur l'étude du statut des probabilités historiques proposée
par Robert Musil. Ces deux approches, même si elles semblent procéder d’enjeux
différents, sont en réalité complémentaires. Alors que les analyses
wébériennes ménagent une place de choix aux motifs et aux raisons humaines
dans l’explication causale en histoire, celles de Musil insistent au contraire
sur le caractère hasardeux (quoique déterminé) et impersonnel des régularités
causales que l’historien découvre au cours de son enquête. Il n’est pas
nécessaire de voir ici une contradiction entre ce qui serait, d’une part, une
conception volontariste soucieuse des possibilités d’action humaine dans
l’histoire et, de l’autre, une conception quiétiste et désenchantée
interdisant toute forme d’efficacité significative aux décisions humaines. En
réalité, ces deux approches ont en commun de rejeter hors des explications
historiques tout recours aux notions de hasard pur ou de de nécessité stricte,
pour essayer, au contraire, de préciser la manière dont les explications
historiques peuvent rendre compte du type de contrainte intermédiaire que nous
rencontrons réellement dans nos pratiques. À la fois beaucoup moins
hasardeuses et beaucoup moins nécessaires que ne le supposent habituellement
la plupart des philosophies de l’histoire, nos conduites s’inscrivent dans un
horizon de motifs et de raisons ouvert, mais pas infini, et obéissent à des
contraintes de nature statistique bien réelles, quoique non nécessitantes.
C’est cet espace propre aux déterminations historiques que nos explications
doivent s’efforcer de restituer et qui constitue le champ spécifique de la
connaissance en histoire, laquelle doit se garder de céder aux tentations
symétriques de la réduction indéterministe et de la réduction nomologique. Les
deux approches présentées dans ce livre se tiennent ainsi également à distance
de toute conception fataliste ou héroïque de l’histoire. Elles développent une
critique acérée de toutes les formes de nécessitarisme historique qui
cherchent, à tort, à subsumer les conduites humaines sous des lois de
l’histoire introuvables, en même temps qu’elles rejettent toutes les
conceptions qui font des agents historiques des sortes de héros dont
l’efficacité reposerait toute entière sur la force de leur volonté, sublimée
dans le déni des déterminations sociales auxquelles ils sont en réalité soumis
comme n’importe qui d’autre. De manière plus générale, elles invitent à
reconsidérer l’idée selon laquelle les hommes seraient les seuls auteurs de
leur histoire, comme s’ils possédaient, au moment de chacune de leurs
décisions, la capacité intacte de « faire l’histoire », sans avoir à prendre
en compte les contraintes héritées du passé, qu’il s’agisse de leur histoire
personnelle ou de l’histoire collective dans laquelle elle s’insère.
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