Le silence des bêtes, La philosophie à l'épreuve de l'animalité
EAN13
9782213638751
Éditeur
Fayard
Date de publication
Langue
français

Le silence des bêtes

La philosophie à l'épreuve de l'animalité

Fayard

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L'Antiquité fut en quelque sorte un âge d'or pour les bêtes. Car si les hommes
offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils s'accordaient sur
leur statut d'êtres animés et avaient pour elles de la considération. Certes,
bien des questions demeuraient ouvertes, et les philosophes de ce temps ne
manquèrent pas de s'entredéchirer en tentant d'y répondre. Les animaux
pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ? Ont-ils la même sensibilité que nous
? Faut-il s'interdire de les manger ? Mais pourquoi donc restent-ils
silencieux ?
Depuis que Dieu s'est fait homme, que le Christ s'est offert en sacrifice tel
un agneau, c'est-à-dire depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a
radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de
verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le
différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres
négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion comparés à
des pommes de terre (Kant).
Des hommes d'esprit et de coeur font bien sûr exception, au XVIIIe siècle
surtout. A leur suite, Michelet dénoncera prophétiquement l'injustice faite
aux animaux et annoncera que c'est compromettre la démocratie que de les
persécuter.
Au XXe siècle, une certaine littérature vient renforcer de nouveaux courants
philosophiques pour rappeler que la manière dont nous regardons les bêtes
n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d'entre
nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de
l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas
conformes à l'idéal dominant de la conscience de soi.
Ce livre expose avec clarté la façon dont les diverses traditions
philosophiques occidentales, des Présocratiques à Derrida, ont abordé l'énigme
de l'animalité, révélant par la même le regard que chacune d'elle porte sur
l'humanité. C'est pourquoi on peut le lire aussi comme une autre histoire de
la philosophie.

Elisabeth de Fontenay enseigne la philosophie à l'université de Paris-I. Elle
a notamment publié les Figures juives de Marx (1973), Diderot ou le
matérialisme enchanté (1981).
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