Nouons-nous

Emmanuelle Pagano

P.O.L.

  • Conseillé par
    2 décembre 2013

    Qu’est-ce que l’amour ? A cette vaste question, Emmanuelle Pagano nous dépeint des fragments de vies, des instants comme surpris, attrapés pour nous les livrer. Quelques lignes où le quotidien des gestes, de cette alchimie qui faut battre le cœur, des pensées intimes, un regard, un objet, une rencontre, deux personnes qui se séparent, les remords, la rancœur, la passion, la transformation de l’être aimé nous sont livrés.
    Avec une grâce poétique, le lecteur pénètre dans un univers où la grâce poétique est suspendue à chaque mot. A chaque ligne. L’auteure a ce don de déshabiller le banal pour en extraire ce qu’il cache, de mettre à nu les corps et d'interpréter leurs gestuels. Sans tabou et sans voyeurisme, ces hommes et ces femmes jeunes ou plus âgés nous ouvrent leur âme, leur vie et leur cœur.

    C’est immensément beau, on vogue sur la palette des sentiments portée par l’écriture sublime d’Emmanuelle Pagano. Un livre lu en apnée totale, un coup de cœur entier ! Une lecture que j’ai faite durer le plus longtemps possible en relisant toute cette symphonie de l’amour !


  • Conseillé par
    27 novembre 2013

    Instants d'amour

    Ce n’est pas un roman, ni un recueil de nouvelles, encore moins un essai ou une thèse. Ce sont des morceaux, des fragments, des poussières. De petits bouts de vie déposés patiemment sur la page blanche. C’est le nouveau et beau livre d’Emmanuelle Pagano. Cette romancière ultrasensible possède un don très particulier pour décortiquer des existences anonymes, de celles qui se déroulent dans une semi marginalité sociale, comme dans son magnifique premier roman « Le tiroir à cheveux », sorti en 2005. Ses textes, ainsi le troublant « Les mains gamines » en 2008, suggèrent plus qu’ils ne révèlent les souffrances et terreurs qui se cachent dans l’enfance et planent sur toute une vie. Pas de mélodrame étalé mais des non-dits, des violences enfouies que Pagano nous invite à deviner dans un travail d’écriture exigeant et subtil qui fait d’elle un écrivain dont les mots nous hantent longtemps. Dès les première pages, et même dès les premières lignes, ce mystérieux « Nouons-nous » prend à la gorge. Qui sont ces hommes et ces femmes qui s’expriment ici ? Nous ne saurons pas. Tous parlent d’une même chose : l’autre. Qu’ils soient hétéros ou homosexuels, qu’ils soient hommes ou femmes, leurs timides mots s’approchent de l’essentiel, de l’essence même d’une relation : la présence du corps de l’autre à vos côtés. Et son fantôme lorsque l’autre est parti. « J’ouvre les yeux, il fait presque jour, il gratte sa barbe naissante. Les bruits minuscules s’arrêtent lorsqu’il me sourit ». Et puis souvent, dans ces quelques mots glissés là, Pagano sait résumer une vie, une souffrance de vie, un désarroi dont elle nous laisse mesurer l’étendue : « Il a sonné à ma porte, il vendait des calendriers. Devant un café, il m’a expliqué qu’il prépayait le produit, mais que, bien entendu, il récupérait sur le fruit de sa vente les vingt-cinq ans qu’il avait avancés. J’ai ri du lapsus. C’était pourtant vrai, il vendait du temps, et moi je n’étais déjà plus toute jeune ». Peu d’auteurs s’accordent cette densité d’émotion que nous offre Emmanuelle Pagano. Au fil des pages s’égrènent ainsi de minuscules histoires, instantanés saisis et choisis, car rien n’est laissé au hasard ici, et chaque mot compte, pesé et pensé par l’auteur, dont l’écriture de livre en livre révèle toujours plus de talent et de personnalité.

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