France M.

Conseillé par (La Fabrique à Rêves)
18 juin 2016

Décembre 1999, une fin d’année et de siècle marquée par les terribles tempêtes. Antoine Courtin, douze ans vit dans la petite ville de Beauval, au coeur d'une région couverte de forêts. Un endroit plutôt paisible, dirigé par Monsieur Weiser, maire et propriétaire de l'usine de jouets en bois, dont l’avenir est menacé.

Antoine vit seul avec une mère un peu rigide, car ses parents ont divorcé. Son père s’est installé en Allemagne et le jeune garçon ne le voit presque plus. Il se sent un peu isolé des autres enfants de son âge. Sa solitude s'accroît le jour où ceux-ci ne portent guère plus d'intérêt à la cabane qu'ils construisaient ensemble dans le bois de Saint Eustache mais plutôt à la PlayStation de Kévin.

Alors pour combler ce vide, Antoine rencontre chaque jour Ulysse, le chien du voisin. C'est avec lui dans les pattes qu'Antoine s'attelle à la construction d'une nouvelle cabane, cette fois haute perchée. Mais Ulysse se fait renverser par une voiture et le voisin achève son chien d'un coup de fusil pour abréger ses souffrances et fourre le corps dans un sac plastique.

Antoine a tout vu, et sous le choc va se réfugier dans les bois où il détruit sa cabane. Lorsque Rémi 6 ans, le fils du voisin s'approche de lui, Antoine fou de rage et déprimé, passe sa colère sur l’enfant. Il lui assène un mauvais coup sur la tête et Antoine ne peut se rendre qu'à cette évidence : il a tué Rémi. À grands coups d'efforts, il cache le corps de Rémi sous le tronc massif d'un hêtre.

De retour chez lui, Antoine attend, tremblant de peur, qu'on vienne le chercher...

S'ensuit une enquête, des personnes accusées, relâchées, et finalement l’évènement est étouffé par les effroyables tempêtes de 1999.

Malgré tout Antoine va vivre une existence d'enfer, car il est doté d’un caractère hyper angoissé. Il n'aura de cesse de vouloir fuir le village. Y parviendra-t-il? La punition tombe sur lui d'elle-même. Le titre est bien choisi " Trois jours et une vie" mais laquelle? Comment vivre avec un tel poids ? Celui d'avoir tué, par accès de colère, un petit garçon, alors qu'on est soi même à l'orée de l'adolescence. Comment regarder en face la terrible réalité?

Pierre Lemaitre nous plonge en plein coeur de ce drame. On suit Antoine à 3 époques de sa vie: en 1999, 2011 et 2015, avec des passages au conditionnel dans lesquels Antoine imagine non seulement son arrestation mais aussi l’attitude des trois adultes qui l'ont couvert sans trop savoir, sans trop l'interroger finalement, comme on pardonne une bêtise d'enfant. On ressent ses émotions, on devine son désarroi et ses peurs. L'auteur traite de sujets très intéressants, à savoir la culpabilité, la notion de justice ou encore la conséquence de nos actes.

Après le genre policier, le genre roman avec "Au revoir là Haut" – prix Goncourt 2013, Pierre LEMAITRE s’essaie au roman dramatique : une ambiance de village plutôt pesante et tendue, des personnages fouillés, parfois complexes ou cyniques, une fin inattendue, une écriture enlevée et précise.... La fin de ce roman sort des sentiers battus. Elle nous fait remonter tout du long du récit achevé. Des détails, insignifiants sur le coup, nous reviennent, nous frappent et prennent tout leurs sens. Un roman noir abouti.

Conseillé par (La Fabrique à Rêves)
11 juin 2016

Il était une fois une bibliothèque où se mêlent des centaines de récits tous plus ou moins mauvais ou bons, farfelus ou tragiques, étranges ou soporifiques, une bibliothèque dans laquelle chacun peut déposer ses manuscrits refusés par les maisons d’édition, une bibliothèque imaginée par Jean Pierre Gourvec bibliothécaire de la ville de Crozon en Bretagne en hommage à Brautigan une bibliothèque des livres refusés.

C’est dans cette bibliothèque que Delphine, éditrice parisienne originaire de Crozon, et son compagnon écrivain, en vacances dans la région, visitent cette collection de textes improbables et y dénichent un chef-d’œuvre intitulé « les dernières heures d’une histoire d’amour » d’un certain Henri Pick. Pour Delphine, ce roman est une perle littéraire qu’il faut publier. Hélas, le génie méconnu est mort depuis deux ans. Madeleine sa veuve apprend avec stupeur que son mari écrivait. Pourquoi n’en a-t-il jamais rien dit ? Lui qui était pizzaïlo ne lisait jamais et n’avait écrit que des listes de courses.

Flairant un coup superbe, Delphine décide de publier le livre chez Grasset où elle travaille. Un vrai succès, la carrière posthume d’Henri Pick est foudroyante. Et si toutefois cette affaire n’était qu’une supercherie ? Rouche, un ancien critique littéraire très antipathique va s’attacher à le prouver. Il décide alors d’enquêter pour prouver que son intuition est bonne.

Qui était vraiment Henri Pick ? Pourquoi avoir caché son talent d’écriture ? Est-ce vraiment lui qui a écrit ce roman ? S’ensuit toute une description du milieu littéraire et du milieu de l’édition faite avec une certaine forme d’humour un poil corrosif. On y croise des personnages un peu cabossés par la vie à l’image de Joséphine, la fille d’Henri Pick, Magali la nouvelle bibliothécaire de Crozon, personnages sur lesquels le succès du livre d’Henri Pick va avoir un impact avec des répercussions pas toujours faciles à vivre. A côté de ces protagonistes fictifs coexistent des personnalités du monde littéraire actuel comme le patron d’Albin Michel par exemple, ou François Busnel dans un passage plein d’humour racontant l’interview de Madeleine, la veuve de Pick par pour l’émission « La grande Librairie »

C’est en lisant « l’Avortement » de Richard Brautigan que David Foenkinos a eu l’idée d’écrire ce livre qui peut être qualifié de roman du roman. Y sont évoqués les vicissitudes de l’inspiration d’un auteur qui peut connaitre le succès (comme lui avec « Charlotte ») mais aussi la panne sèche et l’échec, tout comme sont dépeintes les facettes plus ou moins reluisantes du monde de l’édition présidant parfois au destin invraisemblable d’un ouvrage, bref à la construction de toute pièce d’un best-seller .

J’ai beaucoup aimé ce livre. C’est un récit réjouissant, à la fois humoristique et polar, avec une vision hilarante des coulisses du milieu littéraire.

Un très bon Foenkinos

Conseillé par (La Fabrique à Rêves)
1 juin 2016

Cette histoire est celle d’un fils émerveillé par le couple que forment ses parents dansant sur la chanson « Mister Bojangles » de Nina SIMONE. Dans ce couple, il n’y a de place que pour la fête perpétuelle, le plaisir, la fantaisie et les amis. Ainsi le père s’invente des personnages un peu décalés pour gagner les cœurs de son auditoire comme cet exercice de mythomanie désopilant : j’étais cette fois-ci le fils d’un riche industriel américain qui détenait des usines de construction automobile à DETROIT. J’avais corsé l’affaire en m’affublant d’un autisme profond qui m’avait fait rester muet jusqu’à l’âge de 7 ans. Mais quel fut votre premier mot s’exclama une convive ? PNEU lui répondis-je avec sérieux. Ahhhh, c’est pourquoi vous avez monté des garages !!!!!!!

Et puis il y a la mère, extravagante, loufoque, imprévisible qui change tout les jours de prénom en fonction du calendrier des saints. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille : Mademoiselle Superfétatoire un grand oiseau exotique ramené de Numidie , Superfétatoire car elle ne sert à rien …….

Alors le fils est entraîné dans ce tourbillon. A l’école il est obligé de mentir à l’envers car ni la maîtresse, ni ses camarades de classe ne croient en l’histoire de sa vie de famille et, rentré chez lui, il doit mentir à l’endroit. Et comme par ailleurs il est gaucher, il écrit en miroir c'est-à-dire en écriture inversée.

La mère finit un jour par « dérailler ». La 2ème partie du livre est un peu plus triste mais reste un véritable chant d’amour toujours aussi fou pour que la fête continue coûte que coûte

Ce livre a été mon super coup de cœur du printemps. J’ai été totalement bluffée. C’est extravagant, inattendu. Un vrai plaisir d’une lecture dans laquelle j’ai chaviré ou mieux chaloupé avec en fonds sonore la musique de tango d’Astor PIAZZOLA et la chanson de Nina SIMONE

Un premier roman, véritable coup de maître………à lire impérativement

Au Diable Vauvert

12,50
Conseillé par (La Fabrique à Rêves)
19 novembre 2015

Pour justifier le temps infini qu'il a pris à aller acheter le lait pour le petit-déjeuner, un père raconte à ses enfants les aventures qu'il a vécues en revenant des courses : d'abord enlevé par des extraterrestres qui rêvent de redécorer la planète, il rencontre ensuite un stégosaure (inventeur de la montgolfière, et de la machine à remonter le temps), se fait capturer par des pirates, rencontre des poneys à la robe bleue constellée d'étoiles jaunes…

"Par bonheur le lait…" est une histoire courte écrite pour rendre justice à la figure du père, quelque peu malmenée dans l'album "Le jour où j'ai échangé mon père contre deux poissons rouges", du même auteur. C'est finalement une histoire typique de Neil Gaiman : loufoque, sans queue ni tête, et surtout pleine d'humour.

À noter que le livre est illustré par Boulet pour la version française, ce qui n'en rend sa lecture que plus agréable.

Histoires extraordinaires et sources d'étonnement

1

Delcourt

19,99
Conseillé par (La Fabrique à Rêves)
5 novembre 2015

Axolot est avant tout un site web ainsi qu'une chaîne Youtube. Le principe : faire découvrir des faits incongrus mais véridiques, qu'ils soient historiques ou scientifiques.

Et cet album restitue parfaitement cet esprit. La plupart des histoires sont racontées sous forme de BD (d'auteurs différents, parmi lesquels on notera la présence de Boulet). Les récits indépendants alternent avec des thèmes répartis tout au long de l'ouvrage ( cinq arbres hors du commun, les manières dont notre cerveau nous manipule…). Chaque histoire se termine par une note de l'auteur, rapportant brièvement l'histoire au sens brut.
D'autres planches agrémentent l'album, du bestiaire fantastique au « cabinet de curiosités », qui recense en quelques lignes d'autres faits incroyables.

Les crises (toujours inexpliquées) de danse collective, l’île des poupées au Mexique, la paralysie du sommeil… Au final, des dizaines de faits et de sujets, frôlant le fantastique et pourtant bien réels, sont à découvrir dans cet album. On attend le second, prévu le 12 de ce mois, avec impatience !