Marianne K.

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
8 juillet 2016

L'image est impressionnante : un paquebot gigantesque navigue dans la lagune de Venise, si près des quais que les passants peuvent sentir le courant d'air leur hérisser les poils de la nuque, et voir les flashs des appareils photos des passagers qui crépitent. Mais les dégâts causés par ces mastodontes d'acier sont bien plus profonds : pollution de l'air, graves dégradations des quais les plus beaux et les plus fragiles du monde, destruction des fonds marins... Face à ces temples de la consommation, rutilants et d'une opulence criarde, les vénitiens sont sans armes ! Roberto Ferrucci et sa compagne, Teresa, font partie de ces habitants qui vibrent de colère à chaque passage d'un de ces énormes bateaux de croisière, osant témoigner et critiquer les manœuvres de leurs capitaines, se faisant alors railler ou même insulter...
Dans Venise est lagune, le courant et les marées nous entraînent des chantiers navals de Saint-Nazaire, où sont construits ces paquebots, jusqu'à Venise, destination privilégiée des armateurs qui les exploitent ! Récit révélateur de ce qui ne tourne pas rond dans ce monde, Venise est lagune fait exploser les contrastes et les paradoxes ; la fierté du gigantisme des chantiers navals face aux dégâts des constructions ; la beauté ancestrale d'une ville dont la culture est la richesse face au luxe et à la modernité dans tout ce qu'ils ont de plus tape-à-l'oeil... Aussi profond dans son propos que dans sa langue ou la construction de son texte, on ne peut que saluer le talent et le travail d'un citoyen engagé et brillant !

Éditions Gallmeister

23,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
28 mai 2016

25 ans après avoir passé 7 mois dans les montagnes Rocheuses pour surveiller des œufs de poisson - ce qu'il a si bien raconté dans Indian Creek - Pete Fromm se voit de nouveau prposer une mission de surveillance ! Cette fois, il s'agit de passer un mois près de la Sun River auprès d'œufs d'Ombres... Mais Pete Fromm n'est plus le jeune homme de l'époque, il est maintenant bien installé dans une vie plus sage, père de deux petits garçons, écrivain reconnu... Mais l'appel de la nature est d'une force irrésistible pour cet amoureux de la nature et des espaces vierges !
Dans Le Nom des étoiles, l'auteur américain nous embarque dans son aventure, au cœur d'une nature certes enivrante, mais également dangereuse, au côté des grizzlys, des oiseaux, des poissons... Il en profite aussi pour nous entraîner dans un voyage dans le passé et nous raconte son enfance, son parcours ; il évoque pour notre plus grand plaisir des anecdotes de ses divers emplois et nous laisse subjugués face à la grandiose nature américaine !

Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
28 mai 2016

De son père, Eldon ne connaît que l'absence et quelques échos de ses frasques d'alcoolique. Ainsi, lorsqu'il est appelé à son chevet, le jeune homme de 16 ans ne sait pas à quoi s'attendre. Élevé par un vieil homme qui lui enseigna tous les travaux de la ferme ainsi que l'honnêteté et la droiture, il est surtout en quête de réponse aux questions qu'il se pose sur ses origines et son identité... Demandant à son fils de l'emmener dans les montagnes canadiennes pour l'enterrer comme un guerrier, Frank espère renouer avec ses racines ojibwées et se racheter ainsi de toutes ses erreurs... Le voyage donne aux deux hommes l'occasion de faire connaissance, le père se lançant dans le récit de sa vie : ses problèmes avec l'alcool, ses emplois, son histoire d'amour avec la mère d'Eldon, les douleurs et les tristesses de l'existence...
On ressort de cette lecture profondément marqué, enivré de cette nature aux splendeurs hypnotiques, heurté par cette relation distante mais d'une incroyable force pourtant et touché par une histoire d'une grande sensibilité !

17,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
28 mai 2016

Peintre d'une renommée formidable en Angleterre, Priam Farll est surtout un timide maladif ! Difficile dans ces conditions de répondre aux sollicitations du monde de l'art et même plus simplement de gérer les affaires quotidiennes... Heureusement pour le peintre, son domestique, Henry Leek, lui est totalement dévoué et s'occupe de lui en lui évitant le fardeau de la gloire. Ainsi, lorsqu'Henry décède brutalement, Priam Farll est totalement déboussolé ; mais il prend rapidement conscience que se présente à lui une occasion en or de disparaître totalement et pour toujours. Endossant l'identité de son serviteur, le peintre peut assister à ses propres obsèques, mais il est loin de se douter de ce qui l'attend... Car une chose est sûre, Priam ne connaissait pas très bien son valet ; il doit maintenant assumer un passé qu'il ne connaît pas et œuvrer dans le présent pour un avenir incertain !
Comédie anglaise réjouissante et satire du monde de l'art, Arnold Bennett déploie dans ce roman un humour mordant et un style endiablé ! Trop peu connu en France, cet auteur anglais de talent (1867-1931) est remis à l'honneur par les éditions de l'Arbre Vengeur, et on les en remercie !

18,00
Conseillé par (Les Lisières à Villeneuve d'Ascq)
12 février 2016

Si vous êtes un fervent admirateur de Borges, vous aurez sans aucun doute saisi le clin d'oeil du titre de ce recueil de nouvelles envers le fameux auteur argentin. A l'origine de ce titre : une anecdote ! Lors de la publication française de Fictions, une erreur se serait glissée dans un catalogue gallimard et Fictions serait devenu Frictions... Quoiqu'il en soit, il est indéniable que l'influence de Borges est palpable. Celles aussi de Pérec ou encore de Queneau, et plus largement des auteurs de littérature oulipienne. Mais si ces influences sont revendiquées, ce qui frappe surtout à la lecture de FrICTIONS, c'est l'incroyable fraîcheur qui s'en dégage. Nous voilà embarqués dans une série de nouvelles plus réjouissantes les une que les autres, elles nous font rire, nous font réfléchir, nous interpellent, nous laissent souvent songeurs... Cet homme qui se demande s'il a été enterré vivant ou s'il peut penser après la mort, celui qui ne reconnaît pas son reflet, ou cet autre encore qui nait avec des crayons à la place des doigts ! Articulé en trois parties : « frôlements », « caresses » et « étreintes », ce recueil est un régal, il se déguste ; mais attention, y goûter c'est prendre le risque de le dévorer... Alors allez-y, plongez avec délice dans l'univers débridé et ensorcelant de Pablo Martin Sanchez, vous ne serez pas déçu !