C’est la rencontre entre Rose et Farida, le genre de rencontre qui change le cours d’une existence. Toutes 2 viennent du monde méditerranéen, l’une de Corse, l’autre d’Algérie.
Il y a longtemps que Rose et son mari ont quitté leur Corse natale pour rejoindre le continent, s’installer à Toulon avec leur 3 enfants dans l’espoir d’une vie meilleure. Elle y a mené une vie modeste, a traversé 2 guerres et surmonté des tragédies au côté d’un mari taiseux et indifférent. Une vie solitaire aussi, maintenant que ses enfants sont partis. Une vie ou chacun a sa place, sa tache, c’est dans l’ordre des choses, non écrit et immuable.
Le roman alterne entre le présent et les souvenirs de Rose, sa naissance imprécise, de mère inconnue, son mariage à 16 ans, rapidement suivi par la naissance de son 1er fils, son arrivée en France qui ressemble à tous les exils, s’y ajoute la honte de ne pas savoir lire.
Farida, elle, est arrivée d’Algérie à la faveur du regroupement familial à la fin des années 50, elle vit dans un bidonville, ces endroits indignes où vivaient les immigrés qui venaient reconstruire la France d‘après guerre, c’est juste à côté de chez Rose.
De leur rencontre fortuite va naître une amitié, faite de pudeur, de solidarité, et de rendez-vous de plus en plus réguliers, et va leur permettre de s’émanciper de leurs conditions de femmes humbles, et de prendre conscience du monde qui les entoure.
On retrouve la sincérité et l’humanité de Christian Astolfi qui n’a pas son pareil pour parler des vies minuscules, silencieuses, modestes marquées par l’Histoire.
Quelle est cette lumière qui intrigue tant Mo ?
Quittant le creux de son chêne biscornu, il décide de partir à sa recherche. Sur son chemin, il va croiser un hibou, des mésanges affairées, un écureuil tatillon, il va cuisiner avec une cheffe raton laveur, reconstruire la maison des mulots et festoyer avec des rennes….Tous lui prodiguent de bons conseils, l’encouragent, le guident et surtout le mettent en garde contre l’ours à l’haleine fétide!
Mais Qui est cet ours si sauvage ?
Intrépide et courageux, Mo tombera t-il sur cet ours terrible, et trouvera t-il la fameuse lumière ?
Un livre sur l’irrésistible appel au voyage, pour réfléchir à la peur de l’inconnu, car partir à l’aventure, prendre son temps, aller au devant des autres sont les plus sûrs moyens de lutter contre les préjugés et l’ignorance.
C’est un album au tout petit format, aux illustrations délicates dans les tons bruns, terre, bleu ciel, à l’image des paysages que traverse Mo. On peut l’emporter partout, on peut le lire tout seul dès 7 ans ou se faire raconter dès 4 ans.
Quand on aime l’art et les histoires, celle-ci est juste incroyable : à partir de gouaches retrouvés dans une brocante, Vincent Cuvellier est parti sur les traces de l’artiste : Suzanne Humbert. On est au mitant du XXème siècle, un milieu de l’art encore peu ouvert aux femmes, des sujets modestes, et une carrière brutalement interrompue, il n’en faut pas plus pour tomber dans l’oubli.
Pourtant, comme ces œuvres sont émouvantes ! Ce sont des scènes intimistes, familières très colorées pleines de poésie et de lumière. Un charme qui ramène à l’enfance.
Dans ce livre, il est question de hasard, de rencontres et de 2 autres illustratrices : Hélène Poirié, et Laure Fissore, dont les univers semblent assez proches, et aussi de la place des femmes dans l’art, du courage qu’il fallait pour braver les préjugés et s’imposer. C’était il n’y a pas si longtemps…
Mais que serait le hasard sans la curiosité d’un éditeur ?
On est à la fin du XIXème siècle, Anne Boberg, une peintre et décoratrice suédoise, femme d’un architecte célèbre avec qui elle collabore, peine à obtenir la reconnaissance pour sa propre œuvre. On la traite même d’aventurière tant il est extravagant qu’une femme s’isole en zone arctique en plein hiver. Car comme tous les ans, Anna rejoint les Lofoten afin de peindre et peindre sans relâche les paysages norvégiens.
Ce moment, elle en rêve, elle l’attend toute l’année, mais cette fois, dans sa cabane où elle réveillonne seule, les intempéries et le manque de lumière sont peu propices au travail. En attendant une lumière favorable, les aurores boréales et la neige et ses infinies nuances de blanc, elle laisse vagabonder ses pensées loin du froid terrible et de la torpeur qui l’accablent. Elle se remémore son adolescence à Paris, chez les Garnier qui l’avaient recueillie après sa fugue d’un pensionnat suisse trop austère, ses voyages en Inde, Italie ou Espagne tout au long de sa vie, son amitié avec le prince héritier Eugene ... sans jamais cesser de s’interroger sur son œuvre.
Ce roman qui nous plonge au cœur d’un paysage aussi hostile que féerique, évoque la quête artistique impérieuse d’une femme qui peine à obtenir la reconnaissance de ses pairs pour son œuvre. Un hommage à une femme exceptionnelle.
« Choisir ce qui est juste, même en temps de guerre, ça incite l’ennemi à en faire autant »
Octobre 1940, en Méditerranée.
Ils s’appellent Marcon, Schiassi, Giggino, Stumpo, Mulargia, …ils sont patron du pont, cuisinier, mécanicien, canonnier, torpilleur, tous embarqués dans le sous-marin Cappellini sous le commandement de Salvatore Todaro. Entre avarie et attaque aérienne, le danger est partout : sous l’eau ou en haut. L’errance sans but, l’attente sans fin sont éprouvantes pour les matelots.
Il leur en faut de la confiance, du respect pour supporter la cohabitation et les ordres, surtout quand après avoir coulé un navire belge suspect, le commandant décide de secourir les naufragés, au mépris de sa hiérarchie, du danger et de l’hostilité générale. Oui mais voilà, Todaro est marin avant d’être militaire.
Roman de guerre ou roman historique, peu importe, ce texte est d’abord un hommage à l’humanité et à la fraternité qui anime les hommes, malgré leurs différences, et qui résonne utilement dans le climat xénophobe actuel .
La traduction de Dominique Vittoz est particulièrement réjouissante, notamment en ce qui concerne les dialectes italiens.