- EAN13
- 9791035107314
- Éditeur
- Publications de la Sorbonne
- Date de publication
- 29/03/2022
- Collection
- La philosophie à l’œuvre
- Langue
- français
Figures du moi et environnement naturel au XVIIIe siècle
Jean-Luc Guichet
Publications de la Sorbonne
La philosophie à l’œuvre
Autre version disponible
-
Papier - ED SORBONNE 19,00
Cet ouvrage relie deux notions fondamentales des Lumières : d’une part, le moi
et, d’autre part, la nature proche, en rapport vécu avec l’homme, qui
correspond avec quelques nuances à ce qu’on appelle aujourd’hui «
environnement ». Si ces deux notions ont souvent déjà été étudiées, c’est soit
en les mêlant à d’autres, telles le sujet ou l’individu pour le moi, soit en
les reportant sur la nature, le « sentiment de la nature » ou la généalogie de
l’écologie pour l’environnement, et, surtout, sans prendre particulièrement en
compte leur lien mutuel. Or, au sortir du xviie siècle, le moi, dépouillé par
la critique philosophique de son armature interne d’âme ou de substance, est
en quête d’une matrice pour se penser sur un mode désormais non essentialiste.
C’est alors en se projetant dans des types de rapport qu’il pourra produire de
nouveaux modèles d’intelligibilité de lui-même, participant ainsi
indirectement de la genèse de l’anthropologie en cours : qu’il s’agisse du moi
fragile, exposé aux déterminismes extérieurs et foncièrement incertain de lui-
même ; du moi cadré, observant un ordre fixé par une volonté surplombante,
souvent - mais pas toujours - celle de Dieu lui-même ; du moi fort, maître
d’une nature à administrer et de climats à transformer (mais susceptible aussi
de formes plus originales) ; ou enfin du moi saturé, débordé par une capacité
d’émotion se projetant à travers l’extériorité naturelle. Ces différentes
figures - qui se croisent et se combinent chez Locke, Hume, Condillac, Dubos,
Montesquieu, Volney, Linné, Diderot, Buffon, Marivaux, Prévost, Rousseau,
Bernardin de Saint-Pierre et bien d’autres encore -, loin de types rigides et
séparés, sont autant de visages du même moi multiple, celui de la modernité et
peu ou prou toujours le nôtre. Cette reconfiguration fondamentale opérée au
xviiie siècle, nouant le destin du moi à son environnement, installe un
terrain de sensibilité qui permettra aux siècles suivants, malgré tous les
obstacles, retards et difficultés, la réception de l’écologie scientifique,
puis politique et enfin aujourd’hui éthique, horizon irréductible à une simple
nécessité extérieure et fonctionnelle.
et, d’autre part, la nature proche, en rapport vécu avec l’homme, qui
correspond avec quelques nuances à ce qu’on appelle aujourd’hui «
environnement ». Si ces deux notions ont souvent déjà été étudiées, c’est soit
en les mêlant à d’autres, telles le sujet ou l’individu pour le moi, soit en
les reportant sur la nature, le « sentiment de la nature » ou la généalogie de
l’écologie pour l’environnement, et, surtout, sans prendre particulièrement en
compte leur lien mutuel. Or, au sortir du xviie siècle, le moi, dépouillé par
la critique philosophique de son armature interne d’âme ou de substance, est
en quête d’une matrice pour se penser sur un mode désormais non essentialiste.
C’est alors en se projetant dans des types de rapport qu’il pourra produire de
nouveaux modèles d’intelligibilité de lui-même, participant ainsi
indirectement de la genèse de l’anthropologie en cours : qu’il s’agisse du moi
fragile, exposé aux déterminismes extérieurs et foncièrement incertain de lui-
même ; du moi cadré, observant un ordre fixé par une volonté surplombante,
souvent - mais pas toujours - celle de Dieu lui-même ; du moi fort, maître
d’une nature à administrer et de climats à transformer (mais susceptible aussi
de formes plus originales) ; ou enfin du moi saturé, débordé par une capacité
d’émotion se projetant à travers l’extériorité naturelle. Ces différentes
figures - qui se croisent et se combinent chez Locke, Hume, Condillac, Dubos,
Montesquieu, Volney, Linné, Diderot, Buffon, Marivaux, Prévost, Rousseau,
Bernardin de Saint-Pierre et bien d’autres encore -, loin de types rigides et
séparés, sont autant de visages du même moi multiple, celui de la modernité et
peu ou prou toujours le nôtre. Cette reconfiguration fondamentale opérée au
xviiie siècle, nouant le destin du moi à son environnement, installe un
terrain de sensibilité qui permettra aux siècles suivants, malgré tous les
obstacles, retards et difficultés, la réception de l’écologie scientifique,
puis politique et enfin aujourd’hui éthique, horizon irréductible à une simple
nécessité extérieure et fonctionnelle.
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