Langue
EAN13
9782381910130
Éditeur
Anamosa
Date de publication
Collection
Le mot est faible
Langue
français
Langue d'origine
français

Langue

Anamosa

Le mot est faible

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" Renverser les rapports de pouvoir aboutit à inventer, à créer, à ouvrir les
possibles de la poésie quotidienne des vies que l'on dit minuscules et qui
n'en sont pas moins belles, et souvent d'une dimension échappant aux optiques
altérées des détenteurs du pouvoir de la langue. " Cécile Canut

La langue française est le produit d'une histoire. Elle s'est patiemment
construite à partir du xviie siècle, à la faveur de préoccupations d'ordre
plus souvent politique que culturel. Homogénéisée, fixée, standardisée au
motif d'affermir l'unité nationale, la langue a progressivement mis de côté la
diversité des pratiques langagières que, par ailleurs, librement, continue de
recueillir l'activité de parole.
Au nom de sa domination, la langue a entraîné des hiérarchisations propres à
dévaloriser des formes non institutionnalisées ou non écrites remisées dans
des catégories mal perçues : patois, dialectes, pidgins, mélanges, petit-
nègre, etc. Au temps de la colonisation, ces hiérarchies ont été exportées
afin d'imposer la langue dite civilisée du colon aux locuteurs des langues
africaines mésestimées : sans écriture, sans complexité, sans " grammaire ",
celles-ci n'étaient pas considérées comme de vraies langues. Il n'empêche : "
kan " en bambara, ou " làkk ", en wolof, ne désigne pas tant la " langue " que
" le parler " ou même toute manière de communiquer dont dispose un ensemble de
personnes à un moment donné dans un espace donné... De sorte que c'est à une
tout autre façon de penser le langage que nous porte la considération rendue
aux pratiques langagières.
Observer la vie du langage à partir de la notion de " parole " change la
manière même d'appréhender la société et l'histoire. À travers les
particularités liées aux interactions, aux dialogues, aux échanges que suppose
ce terme, il paraît salutaire de vouloir repenser la perspective : à rebours
de ce que montre un examen de l'imposition du discours managérial à dominante
autoritaire en milieu néolibéral, parler constitue à la fois un devenir et un
moyen d'émancipation.
En observant l'éclosion d'une parole libre en 1968 ou plus récemment, en
2019-2020, celle des Gilets Jaunes, en se penchant sur la profusion langagière
avec l'exemple du nouchi de Côte-d'Ivoire, ce livre se veut un retour à la
parole comme force vive des rapports humains face aux rapports de pouvoir que
cherche à instaurer la prévalence de " la " langue.
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