Héritocratie, Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (1870-2020)
EAN13
9782348070198
Éditeur
La Découverte
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français

Héritocratie

Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (1870-2020)

La Découverte

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Pour relancer un " ascenseur social " interminablement en panne, les grandes
écoles affichent depuis quelques années leur ouverture à la " diversité " et
leur volonté de renouer avec la méritocratie qu'elles auraient incarnée par le
passé. Certains les accusent au contraire d'instaurer des critères étrangers
au mérite, quand d'autres dénoncent une volonté de sceller le sort des
universités, reléguées à la gestion des flux étudiants. Mais, de la IIIe
République à nos jours, les grandes écoles ont-elles jamais récompensé le
mérite ?
En retraçant les controverses oubliées et les choix politiques qui ont garanti
les prérogatives de ces établissements et ainsi légitimé un haut niveau de
reproduction sociale, cette enquête sociohistorique montre que rien n'est
moins sûr. Si l'évocation rituelle de figures emblématiques de boursiers
entretient le mythe d'un âge d'or méritocratique, l'histoire de ces filières
d'excellence révèle la pérennité d'un système héritocratique, grâce auquel des
élites résolues à défendre leurs frontières et leurs intérêts parviennent à
consacrer leur héritage comme un privilège mérité.
Replacée dans des rapports de force qu'occulte la croyance en l'égalité des
chances, l'introuvable démocratisation des grandes écoles ne s'explique pas
par un complot de caste, mais par une succession de luttes dont les élites en
place sont régulièrement sorties victorieuses. Face aux perspectives de
changement et aux projets de réforme, elles ont su se mobiliser pour restaurer
l'ordre qui était sur le point de s'ébranler. Des lendemains de la Commune au
Front populaire et à la Résistance, de la Libération à Mai 68 et aux années
Mitterrand jusqu'à Parcoursup et la refonte de l'ENA, la continuité qui
s'observe derrière les secousses éphémères et les évolutions structurelles ne
relève donc pas d'une mécanique implacable – ni d'une fatalité politique.
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