Poète chilien

Difficile de résumer ce roman tant l'intrigue pourrait n'être qu'un prétexte à aborder certains sujets aussi vastes qu'universels : la poésie, plus largement la littérature, la famille, les liens amoureux... C'est sans doute l'écriture qui parvient à sublimer ces sujets, passant d'un ton ironique, joueur, souvent taquin, parfois cru, à des registres plus lyriques, plus enflammés, voire mélancoliques. On saluera d'ailleurs l'excellent travail de traduction, mené par Denise Laroutis, qui a su retranscrire toutes les nuances et le sel du texte original.
On y suit Gonzalo et Carla, qui découvrent ensemble l'amour et la sexualité, puis leurs chemins divergent jusqu'à une rencontre des années plus tard qui va à nouveau bouleverser leur quotidien. Il y sera question de maternité, de paternité, de choix de vie, de responsabilités. Le roman interroge les notions de transmission : d'un père à son fils, d'une génération de poète.sse.s à une autre, d'une culture à une autre. Car des années (et de nombreuses pages) plus tard, c'est Vicente, le fils de Carla, et Pru, une journaliste new yorkaise, qui mèneront la danse, au cœur de la scène poétique foisonnante du Chili.

Chronique d'une vie, celle de Gonzalo, qui se rêve poète. On suit son chemin sinueux et plein de rebondissements, la découverte - adolescent, de la sexualité avec la très belle Carla, puis plus tard de la paternité. Il nouera une relation forte quoique distendue avec le fils de Carla. Ils seront liés par la même sensibilité, pour la littérature, et en particulier la poésie.
Alejandro Zambra dresse le portrait d'un homme, d'un pays - du Chili après Pinochet, et de cet amour inconditionnel pour la poésie. Une chronique ample et galopante, tantôt crue, tantôt drôle et sarcastique qui raconte la vie, ses passions, ses contradictions et tout ce qui vaut la peine d'être vécue.